JEUDI 18 NOV. 2021
BIBLIOTHÈQUE INGUIMBERTINE
18h30
ENTRÉE LIBRE
DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES |
René Fregni & Antonin Crenn
Nous souhaitons échanger, auteurs et lecteurs, sur les liens que les écrivains entretiennent avec le lieu où ils habitent, où ils écrivent, où ils se déplacent, et notamment du rôle social qu'ils peuvent jouer, à travers les résidences et les ateliers d'écriture.
René Fregni
À l'âge de 19 ans, comme tous les jeunes gens, je fus appelé sous les drapeaux, je m'y rendis mais sans trop me presser. J'arrivai à la caserne souriant, bronzé et on me mit au trou. Mi-figue Mirador j'y croupis quelques mois en compagnie du silence et des puces. Un beau matin le désir me vint d'être amoureux. Je m'évadai de ce cachot. Déserteur. Muni de faux papiers, je franchis la frontière, courus l'Europe, me livrai aux menus travaux et misères de la route, séjournai à Istanbul.
Je revins deux ans plus tard caresser ma langue maternelle. À Marseille, on m'embaucha dans un hôpital psychiatrique comme auxiliaire puis infirmier. Pendant 7 ans j'observai les étranges contorsions de la folie. Ayant un peu perdu là toute notion du bien et du mal j'écrivis deux pièces de théâtre que je jouai dans le Sud de la France. Sans m'en rendre compte, je glissai du théâtre à l'écriture romanesque et là tout me servit : ce que j'avais vu dans les prisons militaires, sur les routes, à l'asile. J'entamai alors le grand voyage immobile. Je savais qu'un jour Rimbaud avait dit : "En avant, Route !". Il ne me restait plus qu'à faire le plein de mon stylo.
Antonin Crenn
J’ai étudié la typographie dans l’idée de devenir graphiste : je me suis intéressé à la forme des lettres, puis à ce que les lettres disaient sur la page. À cette époque, Je commence à
promener dans les cartes et les plans, de Paris en particulier. Je commence aussi à écrire sur le web, de plus en plus. Je publie mes premiers textes courts en revue, et mes premiers livres. Il y est question d’herbes folles (Passerage des décombres) et de souvenirs d’enfance (Les bandits). Mes sujets de prédilection sont toujours ceux-là, ainsi que la forme des villes, les ponts de chemin de fer, l’amour, et toutes les choses qui mettent plus de mille ans à disparaître. Dans mon premier roman, Le héros et les autres, un adolescent cherche sa place dans son environnement humain et se promène dans ses paysages. Cette géographie intime est également présente dans L’épaisseur du trait : plus précisément, le personnage évolue sur le plan en deux dimensions e son quartier parisien. En 2019, je suis en résidence à Luçon et, en 2020, à Montauban. J’y anime des ateliers d’écriture : les participants contribuent à la constitution d’une carte du territoire, en écrivant des histoires à partir de lieux qu’ils ont choisi. Mon dernier livre, Les présents, tourne à nouveau autour de ces histoires, réelles ou fantasmées, contenues dans les lieux ; et des traces de ceux qui ont disparu. C’est encore un roman d’apprentissage (et c’est surtout moi qui apprends).
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